Jeudi 2 juin, 16 h, nous quittons Cat Ba en direction de Sapa, à 427 kilomètres.
Nous prenons un premier bus pour rejoindre l’embarcadère, puis un bateau plein à craquer. Arrivés sur le continent, nous suivons le flot de touristes vietnamiens et montons dans un bus (des fois, on aimerait bien avoir des compatriotes occidentaux avec nous). Ce même bus nous amène dans la ville de Haiphong et, à notre descente, une dame nous demande de la suivre. Nous atterrissons dans un boui-boui moitié resto, moitié supérette. Elle nous explique que le sleeping bus va arriver d’ici peu et qu’il nous amène directement à Sapa. On comprendra un peu après que cette dame n’a rien à voir avec la compagnie de bus et qu’elle cherche seulement à nous vendre des trucs. Lorsqu’elle réalise que nous n’achèterons rien d’autre que nos gâteaux préférés et un sandwich, elle s’en va en moto en nous ignorant. On se retrouve seuls dans un endroit assez glauque, sans la moindre information. Et évidemment, il fait nuit.
Miracle, une demi-heure plus tard, un minibus débarque et le chauffeur nous fait signe de monter. Il nous dépose dans une grande gare routière (toujours pas d’anglophone), mais il y a un sleeping bus avec écrit « Sapa ». Victoire (ou presque) ! Le bus est presque vide au départ, mais il se remplit au fur et à mesure. La musique et la clim sont à fond et nous n’arrivons pas à dormir. À 3 h 30 du matin, le bus s’arrête et presque tous les voyageurs disparaissent dans la nuit. Grâce au GPS hors-ligne (je bénis le mec qui a inventé le GPS), nous savons que nous sommes à Lao Cai, à la frontière chinoise et à une quarantaine de kilomètres de Sapa. Comme personne ne nous dit rien et qu’il n’y a aucune activité aux alentours, nous décidons de rester dans le bus pour une énième tentative de dodo. Je finis allongée dans l’allée du bus, enroulée dans une couverture à la propreté douteuse et le visage dans une deuxième couverture piquée à Emirates. Une heure plus tard, un mec nous réveille et nous fait signe de rejoindre un minibus pour aller jusqu’à Sapa. Alléluia !
C’est donc après un bus, un bateau, un bus, un minibus, un sleeping bus et un minibus que nous arrivons à Sapa, à 6 h du matin ! La magie des transports vietnamiens a opéré, mais une nouvelle fois, les relations avec les chauffeurs n’ont pas été des plus cordiales.
Sapa est une ville très touristique, située à 1650 mètres d’altitude. La région est réputée pour ses rizières en terrasses, ainsi que pour les nombreuses ethnies qui y vivent. Durant nos deux premiers jours, nous visitons la ville et cherchons une agence pour faire un trek de 3 jours.
On visite le village ethnique de Cat Cat. C’est un petit zoo humain, où les femmes sont habillées en habits de fêtes et vendent des souvenirs (tous les mêmes, certains made in China). Suite à cette visite, nous décidons de prendre un trek bien plus cher que la moyenne, mais qui nous emmènera dans une zone à priori moins touristique.
Dimanche 5 juin, premier jour de trek
Nous partons pour un trek de trois jours, avec deux nuits chez l’habitant. Nous avons réservé le trek avec un couple de Suisses, Amélie et Julien, rencontré la veille et un guide anglophone. À peine sortis de la ville, nous sommes au milieu des rizières. C’est magnifique. Le guide nous raconte pas mal d’histoires (pas toujours très intéressantes) et surtout, nous faisons beaucoup de pauses.
Certains passages sont assez glissants et je me casse la figure. Rien de très grave, mais je m’égratigne la main et me tors légèrement le pouce. Dans l’après-midi, les rizières sont encore plus belles et nous avons de la chance avec la météo. À Sapa, la région est assez arrosée et il y a 300 jours de brume par an.
Vers 16 h, nous arrivons au premier homestay, où nous sommes accueillis par une famille Dzao (ethnie originaire de Chine). Les femmes Dzao portent un foulard rouge bordé de blanc sur la tête et s’épilent entièrement les sourcils, ainsi que les cheveux à l’avant des oreilles. Nous sommes dans un petit village accessible en voiture, il y a donc régulièrement des touristes. Avant le repas, nous faisons un bain aux herbes, pratique traditionnelle de la région. Les plantes auraient des dizaines de vertus. On se retrouve tous les 4 dans des tonneaux en bois, remplis d’eau brûlante. On a l’impression de se baigner dans un thé géant. J’adore l’eau chaude, je suis donc ravie. Robin un peu moins. Il a du mal à rester dans l’eau en entier. Au bout de 40 minutes, Robin et Amélie ne se sentent pas très bien. Robin sort tout blanc et met du temps à récupérer. Pour une fois, c’est lui qui répète « je vais vooooomir ». Il finira sous une douche froide avec l’aide de Julien.
Nous dînons avec la famille. Ils nous servent la happy water, autrement dit, de l’alcool de riz. C’est fort et pas bon. Je passe mon tour. Avec Amélie, nous testons la pipe à eau. Ça aussi, c’est fort et pas bon. Nous n’avons besoin ni d’alcool fort ni de fumette pour dormir comme des pierres.
Lundi 6 juin, deuxième journée de trek
Une jeune guide H’mong noire nous rejoint pour apprendre le trajet. Nous commençons par monter à un col, dans les nuages. Nous croisons quelques paysans allant travailler aux champs, dont un homme qui a des sangsues et des vers sur les pieds (j’en ferai des cauchemars la nuit suivante).
Nous sortons des nuages et descendons à travers des rizières. Je galère dans les descentes avec des cailloux, car je ne peux pas poser correctement mon pied droit. En bonne chanceuse que je suis, je me suis coupé le pied avec un clou sur le bateau dans la baie d’Halong. Je finirais par mettre le pied DANS une rizière, lors d’un franchissement loupé. Je suis dépitée en regardant ma chaussure remplie de boue… Heureusement, la pause-déjeuner arrive et Robin me la lave tandis que je fais le flamand rose sur un pied.
Nous reprenons la marche et nous montons jusqu’au village où nous allons passer la nuit. Nous croisons plusieurs groupes de personnes travaillant dans les rizières. Ici, les villageois s’entraident les uns et les autres. Arrivés au homestay, on s’aperçoit que ça ne va pas être la même que la veille. C’est beaucoup plus rustique. Les touristes sont moins nombreux à venir dans ce village, inaccessible en voiture. La pièce où nous dormons n’est pas propre et nous allons passer la nuit sur une paillasse. Nous sommes de nouveau dans une famille Dzao. Les parents vivent avec leurs trois garçons et un jeune homme Hmong, qui vit désormais avec eux et les aide dans les travaux des champs. Les parents auraient 35 ans, mais font plus jeune (contrairement à ceux d’hier qui en avaient 29 et en paraissaient 40 !).
Nous roulons des rouleaux de printemps, puis commençons encore le repas avec la fameuse happy water. Cette fois-ci, nous refusons tous de nombreuses fois, car nous sommes assez peu inspirés par l’aspect non translucide de l’alcool. La nourriture ne nous inspire pas beaucoup non plus, sachant que nous les avons vus préparer à manger (dont la viande, coupée sur le sol, sur une planche en bois). Malgré tout, les garçons goûtent à tout (sauf le foie pour Robin). Il est difficile d’échanger avec la famille, mais nous les sentons beaucoup plus attentionnés à notre égard. La mère nous montre des photos faites par des touristes et une machine qui coupe des plantes (après tout, pourquoi pas…).
En fin de soirée, un officiel vient réclamer de l’argent suite à notre venue. Notre guide, déjà couché, ne daigne pas se lever pour payer. La famille avance l’équivalent de 21 euros (une sacrée somme pour eux). Nous finissons par nous coucher, en nous souhaitant mutuellement bon courage plutôt que bonne nuit. La moustiquaire est pleine de poussière, mais nous la mettons quand même. Nous dormons habillés, sans toucher aux oreillers et couvertures qui, rien qu’à l’odeur, pourraient nous endormir d’un seul coup. Nos sacs à viande ne suffisent pas et nous avons froid. Nuit façon ethnies des montagnes.
Mardi 7 juin, troisième et dernier jour de trek
C’était prévisible, nous n’avons pas bien dormi ! Robin se lève dès 6 h et discute avec notre hôte et la jeune guide (le guide dort encore). Elles lui expliquent beaucoup de choses, sur leur façon de vivre, ce que le homestay a apporté à la famille, leurs récoltes, leurs animaux, etc. Il visite l’étage avec un des fils. Il ne peut pas aller travailler dans les rizières avec le reste de la famille, car il s’est entaillé les chevilles en faisant tomber une machette sur ses pieds, la semaine dernière…
Aujourd’hui, la journée est light en marche. Nous montons à un col afin de rejoindre un village dans la vallée suivante. Le chemin est une piste (fini les gamelles dans les rizières). Les paysages sont très beaux et plus sauvages que les jours précédents. Malheureusement, le début de journée est très nuageux. Nous croisons des locaux travaillant ensemble au repiquage du riz dans les terrasses.
Nous sommes tous un peu fatigués. J’ai un peu mal au poignet droit suite à la chute du premier jour, mais c’est surtout mon pied gauche qui est douloureux dans les descentes. Robin a mal à son orteil de pied et a des ampoules. Amélie a pris froid et a des maux de tête. Malgré l’équipe de bras cassés que nous sommes, nous avançons bien et, contre toute attente, c’est le guide qui peine à suivre…
Une fois le col passé, nous descendons au village où nous déjeunons, puis rentrons en van à Sapa. Ces trois jours nous ont beaucoup plu. Les paysages étaient magnifiques et nous n’avons croisé que 4 touristes, le premier jour ! En trois jours, nous n’avons eu aucune sollicitation pour acheter des souvenirs, alors qu’à Sapa, les femmes aux bras chargés de souvenirs enchaînent les hello, bonjour, hola, shalom. Nous sommes contents d’avoir échappé au cirque des treks touristiques.
Nous arrivons à Sapa vers 15 h et déballons nos affaires. Nos sacs, nos habits et tout ce que nous avions sentent très fort la fumée à cause des feux à l’intérieur des homestays. Nous sommes ravis (ou pas), surtout que nous n’avons plus d’affaires propres… Pour notre dernière soirée, nous retrouvons les Suisses pour dîner dans un restaurant où nous sommes déjà allés 4 fois avant le trek !
Pour conclure (enfin !), voici un article intéressant d’une blogueuse professionnelle sur son expérience de trek à Sapa : http://www.madame-oreille.com/trek-a-sapa-lhistoire-du-reportage-qui-nexistera-pas/
Prochaine et dernière destination du Vietnam : Hanoï !
17 Commentaires
Trop belles photos !!!!!
Ou bien les paysages que vous voyez sont de plus en plus beaux, ou bien vous devenez vraiment fort en photo !! 😉
bisoussss
Cela me rappelle les rizières de Bali, bien humides tout le temps. Y a t’il des chiens qui aboient toute la nuit????bisoux
Nous n’avons pas eu de chiens qui aboient la nuit au Vietnam, mais on a connu ça au Cambodge et au Laos, pas très agréable.
Les photos sont supers belles !!!
Et bien, je suis à fond dans vos aventures…prenez soin de vous et de vos petits bobos. Vos photos sont tellement inspirantes. Love love love
MAGNIFIQUE … quel travail minutieux pour les locaux …
Très belles rizières,::: je comprends les galères pour s’y déplacer, j’avais fait une balade dans les rizières à Bali et l’espace de marche est très étroit. Chapeau à tous ces gens pour leur travail collectif et rude.
Il manque une photo je pense,,, celle où vous faites (ou pas) une promenade à dos de buffle !!! original et dépaysant, çà m’aurait bien plu de voir çà !
Comme toujours, c’est génial de vous suivre dans cette nouvelle étape et vous êtes devenus des marcheurs accomplis si vous êtes plus endurants que votre guide.
quelle etape !!! c’est magnifique !!! j espere que vos petits bobos se sont bien remis depuis …. bisous!
Oui, tout va mieux. Bisous!
Ah merci, c’était super et quelle expérience !
Je rattrape mon retard sur vous articles. Les photos sont superbes! J’espère que vous continuez à bien profiter. Bisous
Ne t’inquiètes pas, nous aussi nous avons du retard 😓
On profite toujours autant et j’espère que ta rentrée s’est bien passée !
Wahou ! Tant de couleur et de beauté au même endroits ! Tes photos sont juste sublime avec une super bonne qualité d’images. Merci beaucoup pour ton partage et toutes ses infos !
Merci pour le commentaire ! Côté photo, il y a de quoi faire au Vietnam, c’est tellement beau !
Quelles belles photos !
Le paysage au Sapa est très magnifique. On ne peut pas imaginer qu’ils puissent faire des rizières sur les montagnes, cela forme une beauté unique notamment dans la saison du riz mur.
Superbe article avec de jolies photos. Le paysage à cette ville est magnifique comme un cadeau de Dieu. Je pense que les rizières extistent seulement au Nord du Vietnam. Vraiment un beau paysage et j’ai la chance de connaitre ce beau paysage. En l’automne, le riz commence à mûrir, le paysage de Sa Pa prend une couleur jaune vif, embrassant les montagnes et les forêts du nord-ouest. L’échelle dorée des champs en terrasse, couleur irisée sous le nouveau soleil va rendre tout le monde surpris.
J’aime aller à Sapa à l’automne. Le riz commence à mûrir, le paysage de Sa Pa prend une couleur jaune vif, embrassant les montagnes et les forêts du nord-ouest. L’échelle dorée des champs en terrasse, couleur irisée sous le nouveau soleil va rendre tout le monde surpris.